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Échange avec François Barge-Prieur : critique de cinéma

Le 30 mai dernier, les étudiants en BTS première année du campus de Chambéry ont fait la rencontre de François Barge-Prieur, lors d'une après midi ciné-débat. Aujourd'hui, François a accepté de répondre à nos questions pour nous parler de son métier et nous partager sa vision de la critique cinématographique.

 

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En quelques mots, peux-tu nous parler de ton parcours ?

J'ai un parcours très atypique, puisque j'ai fait des études d'ingénieur, pour bifurquer vers le métier d'enseignant en mathématiques. La passion du cinéma m'est venue de façon la plus simple possible, vers l'âge de 10 ans : en voyant des films en salles. Je n'avais pas la télévision étant enfant, et je voyais donc tous les films au cinéma. J'ai été tellement ému par certains d'entre eux, ça a été comme une révélation : le cinéma est pour moi l'art le plus bouleversant au monde. J'ai donc commencé à faire des courts-métrages moi-même, à écrire des scénarios, à lire des livres sur le cinéma, à écrire des textes... Bref, à tout faire pour mieux comprendre mes émotions, et surtout les partager. Ce n'est que récemment que m'est venue l'idée que je pourrais en faire mon activité principale. Aujourd'hui, je suis sur le point d'arrêter mon métier d'enseignant pour exercer uniquement celui de critique de cinéma.

Pourquoi regarder des films est important dans l’apprentissage des jeunes ?

Pour la même raison qu'il faut lire des livres, écouter de la musique, contempler des tableaux, regarder des visages et écouter des récits de vie : pour apprendre, sur le monde, sur les autres, et donc sur soi-même. Le cinéma est particulièrement puissant, car, dans la salle, on éteint les lumières, on éteint le portable, et on se laisse complètement porter, de façon immersive. Un film peut changer votre regard sur le monde.

 

Etudiants en BTS

 

Selon toi, pourquoi est-il important de prendre le temps de débattre ?

Parce que je crois que ce dont nous avons le plus peur, à tout âge, mais particulièrement à l'adolescence et dans les années qui suivent, c'est de partager nos émotions. Les enfants n'ont pas ce problème : ils passent leurs journées à raconter ce qu'ils ressentent. Et puis, devenant adultes, une forme de pudeur s'installe. On finit par ne plus oser rien exprimer. Notre vocabulaire se rétrécit, et, conséquemment, nos pensées s'appauvrissent. Parler, ça aide à comprendre, à ressentir. On est souvent plus heureux d'avoir pu exprimer précisément une émotion que de la garder pour nous, renfermée et floue. Echanger aide à préciser ce qu'on pense. D'ailleurs, on le voit dans les débats : au début, il faut ramer pour faire prendre la parole au public, mais au bout d'une ou deux interventions, la parole se libère, et il se crée un échange de plus en plus riche. À la fin, on n'a plus envie que ça s'arrête.

Si tu devais conseiller 3 films inspirants aux étudiants, lesquels seraient-ils ?

Question impossible. Leur conseiller des films, ça serait supposer à l'avance ce qui va les toucher. Or, je peux conseiller un film qui ne va pas du tout leur parler, et à l'inverse, un film à côté duquel je suis passé peut les toucher profondément. Mais bon, comme je n'aime pas esquiver les questions, je me lance : "L'été de Kikujiro" (Takeshi Kitano), "Will hunting" (Gus Van Sant) et "Chat noir chat blanc" (Emir Kusturica).

 

 

 

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